La parole est à Morgan, fondateur de Malàkio, entreprise spécialisée dans le recyclage de déchets de coquillages issus de l'alimentation humaine par le biais des méthodologies du design.
Bonjour Morgan, pourriez-vous nous présenter votre parcours et nous parler de votre entreprise (date de lancement, concept, localisation, ...) ?
J'ai 24 ans, je suis de Landerneau en Bretagne. J'ai suivi tout un cursus de formation en design : Bac Art Appliqué, BTS en Design Industriel, puis une École de Design et enfin un Master en Design sur les Nouvelles Pratiques Alimentaires. Ce Master était important pour moi, car il faisait écho à ma volonté de lutter contre le gaspillage.
Je vivais à Noirmoutier lors de mon année de projet de fin d'étude. Durant cette période, j'ai côtoyé des ostréiculteurs, et je me suis rendu compte du gaspillage généré par la consommation d'une huître : 70% de la matière (les coquilles) est mise à la poubelle. Les coquilles d'huître sont de plus une matière noble, renouvelable et locale : elle ne vient pas de l'autre bout de la planète.
J'ai d'abord testé dans un garage ce qu'on pouvait faire avec cette matière. C'est à ce moment qu'Hugo m’a rejoint sur le projet. On a alors créé officiellement la société à la fin de ses études en septembre 2020 (il a 24 ans comme moi).
C'est sur ce principe de recyclage des déchets de coquillage qu'on a lancé Malàkio. On fabrique des objets constitués à 60% sur la base de ces déchets. Nos premiers produits étaient des objets d'art de la table, comme des dessous de verre, des dessous de plat, ou des planches. Nous préparons actuellement une gamme de produits pour la salle de bain.
Notre fabrication est principalement manuelle, en conservant notre ADN d'entreprise responsable. Par exemple, on réalise un séchage naturel sans four.
Nos premiers clients étaient des particuliers. Mais l'engouement autour de nos produits est également très fort sur une cible de professionnels, en particulier les restaurateurs. On est présent dans des restaurants gastronomiques et étoilés, en France et à l'étranger. Nos produits sont aussi commercialisés dans des points de vente.
Au final, tout est allé très vite, et pour faire face à la croissance, nous allons recruter notre premier salarié dans quelques semaines, moins d'un an après notre lancement.
Qu'est-ce qui vous a motivé pour devenir entrepreneur ?
Je suis très indépendant. J'ai toujours eu la fibre entrepreneuriale, et le monde du salariat ne me parlait pas trop. Hugo était dans le même état d'esprit.
Mon projet de fin d'étude était d'ailleurs un projet de création d'entreprise sur l'utilisation du zooplancton dans l’alimentation humaine. Mais le projet s’est arrêté après un an, il était en effet beaucoup trop ambitieux à porter seul.
Aussi, le contexte a beaucoup joué pour la création de Malàkio. Au cours du 1er confinement au printemps 2020, je m'ennuyais, et il n'y avait aucune opportunité professionnelle dans le monde du design.
Comment votre décision de vous lancer a-t-elle été perçue par votre entourage au départ ?
Mes parents ont toujours su que j'allais être entrepreneur. Cependant, ils ne pensaient pas que cela allait arriver aussi vite, surtout après l'échec de mon premier projet autour du zooplancton. Pour Hugo, cela a été la même chose, ses parents étaient à l'écoute. Plus le projet passait du théorique au concret, plus nos parents nous soutennaient !
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour lancer votre entreprise ? La crise du covid a-t-elle eu un impact sur votre lancement ou sur votre activité ?
L'identification de ses premiers partenaires est clé. Notre premier fournisseur, qui devait nous approvisionner en matière pour compléter les déchets de coquillages, ne correspondait pas du tout à nos attentes. Cela a été un gros coup dur.
Aussi, nous nous sommes lancés dans des métiers que nous ne connaissions pas. Nous avons dû créer notre savoir-faire d'artisans. D'un côté, cela a été difficile, mais de l'autre on est très fiers du chemin parcouru.
Côté financement, on a souhaité faire cela en 2 étapes. On a d'abord commencé par un financement participatif qui nous a permis de récolter 3 000 euros pour fabriquer les premiers produits. Hugo et moi sommes jeunes, nous ne voulions donc pas nous endetter au tout départ de l'aventure.
Après, quand on a vu que la demande était là, et pour passer à l'étape supérieure, on est allé voir le Crédit Agricole Finistère qui nous a accordé un prêt pour financer nos premières machines.
Quels conseils donneriez-vous à de futurs entrepreneurs ?
Chaque entrepreneur doit inventer ses propres règles. On peut souhaiter être indépendant ou avoir l'ambition de monter une grosse entreprise. On peut souhaiter travailler 35h ou 60h.
L'entreprise doit correspondre aux attentes de ou des entrepreneurs qui la fondent.