La parole est à Erwan, dirigeant de UYD, entreprise spécialisée dans la mode éco-responsable et opérant dans le Finistère. Entre passion pour son métier et volonté écologique, il nous livre son parcours d'entrepreneur et son expérience dans la création d'entreprise.
Bonjour Erwan, pouvez-vous vous présenter, ainsi que décrire votre projet à nos lecteurs ?
Bonjour ! Je suis fondateur de UYD. C'est une marque de vêtements fabriqués à partir de bouteilles plastiques recyclées. De manière générale, notre but est de créer des vêtements à partir de matière que l'on n'a pas créé. Le mantra, c'est 100% de revalorisation des déchets. Chez nous la particularité design et motif dans le secteur éco-responsable. On a vraiment une volonté de moderniser les choses, d’apporter plus de choix.
Le projet existe depuis 4 ans, j'ai commencé à le constituer quand j'avais 16 ans, je passais alors mon bac ! J'ai dû mettre entre parenthèses le projet pendant 2 ans, le temps de constituer une enveloppe financière suffisante. L'aventure s’est mise en route de façon concrète il y a 2 ans. Actuellement, nous sommes encore en phase de précommercialisation, après une finalisation de la R&D
Super, et dans quelle région êtes-vous établie ?
On est basé à Quimper, dans une pépinière d'entreprise.
Quelles ont été les étapes de la création de votre projet (financement, business plan, étude de marché...) ? À qui vous êtes-vous adressé pour la création de votre entreprise ?
Il y en a beaucoup ! C'est un parcours du combattant pour monter une boite dans notre secteur. Il y a 2 ans, au lancement du projet, le tri d'information a été capital. Notamment pour le secteur écologique, où tout n'est pas aussi rose qu'on nous le laisse croire. Il était important de voir ce qui se passe derrière, ce qu’on ne laisse pas à la vue du client. Tout ce tri a été nécessaire pour le choix de nos tissus.
En effet on nous a proposé le seul tissu recyclé disponible (50 % polyester recyclé, 50% coton recyclé). Il s'avère que le coton a des problèmes de traçabilité, notamment au niveau des produits de traitement. De plus ce tissu n'a qu'une vie, il n'est pas recyclable ! Le mélange de fibres fait qu’après avoir été utilisée pour une seconde vie, la matière est bonne pour l’incinérateur. On trouvait cela dommage pour notre concept ! Enfin ce tissu prend difficilement l’impression, ce qui limite les possibilités. On a donc choisi de développer des tissus qui nous sont propres, fabriqués en France, et qui sont déclinables à volonté (65 couleurs contre 2400 couleurs pour le nôtre), nous sommes les seuls à les utiliser.
Une autre problématique a été d'améliorer ce qui a autour du vêtement. Aujourd'hui les étiquettes, les fils, les cordons, ne rentrent pas dans la composition affichée, et ne sont souvent pas recyclés. Je trouve que c'est trompeur, on cache la vérité aux yeux du client. On a donc voulu pousser le 100 % recyclé jusque dans les fils.
Enfin, il s'agit de se monter un réseau et de s'entourer des bonnes personnes. A l'époque, j'avais sous estimé l’apport des structures d’accompagnement comme les CCI. Mais il s’avère que cela a été capital, elles peuvent aider à apporter des réponses à nos questions, dans des moments où, il faut le dire, on est souvent bien seul.
Pour la création d'un point de vue juridique, on a tout fait avec notre expert comptable. C'est souvent un problème d'identifier un expert comptable convenant à notre projet (on s'échange les bonnes adresses entre entrepreneurs !), mais nous avons fini par le trouver.
À qui s'adresse votre projet ? Quel est votre petit "plus" par rapport aux autres ?
On cible les jeunes, un cœur de cible compris entre 16 et 25 ans. Mais tout cela, c'est sur le papier, la dernière fois que ma grand-mère est venue au bureau, elle a essayé un sweat, et est repartie avec. Il n'y a donc pas vraiment d'âge pour notre offre, même si nous ne proposons que des sweatshirts.
On peut proposer une mode éco responsable, mais en dépassant la proposition de basiques, tout en jouant sur le terrain de la mode “classique”. Il n'est pas normal qu'on continue à consommer des choses venues de l'autre bout du monde, surtout quand on sait comment les choses se passent. Notre démarche devrait, dans l'idéal, être considérée comme normale.
Comment exercez-vous cette activité ? Avez-vous un local commercial ? À domicile ? Sur Internet ?
Aujourd'hui notre atelier est dans la pépinière des innovations de Quimper. Les tissus nous y sont apportés, et nous fabriquons les tissus sur place.
Notre site est encore en préparation, mais nous avons lancé une campagne Ulule en deux temps au commencement du projet. En deux temps, car après avoir écouté les retours des clients, nous avons clôturé la campagne : impossible de livrer à nos premiers soutiens des produits perfectibles. La campagne reprend dans quelques semaines, après que l'offre ai été revue et corrigée.
Quels bénéfices personnels tirez-vous de cette activité ?
J'ai toujours aimé gérer (au lycée j'étais à la MDL, on gérait les sorties et les activités). J'aime ne pas compter mes heures, rencontrer de nouvelles personnes, et surtout, ne jamais vivre des journées similaires. Un coup de téléphone peut changer une journée mais aussi la vie d'une start-up !
Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées au cours de cette aventure ?
Il est vrai que l'aspect “montagne russe” de cette aventure peut être épuisant : on arrive le matin avec de bonne humeur, avec le sourire, et le soir, on repart morose car une mauvaise nouvelle est venue ternir la journée.
Cependant, je n'ai jamais vu de difficultés dans ce que je faisais : je vois des problématiques, qui doivent être résolues.
Quel conseil donneriez-vous aux futurs entrepreneurs ?
Je dirais aux entrepreneurs de ne jamais s'arrêter. Quand on part de rien, les problématiques on en rencontre à chaque minute. Mais il faut tenir, il faut que le projet continue !
Aussi, comme je le disais plus tôt, ne pas hésiter à bien s'entourer est primordial. Il est important de se faire conseiller, d'autant plus que nous avons, en France, des structures et des personnes apte à cela, qui disposent d'une vraie expertise. Il ne faut pas se priver de cette aide.
Enfin et surtout, on doit s'informer. Cela ne sert à rien de commencer à meubler votre projet (bancale) et à contacter beaucoup de personnes sans informations solides. C'est personnellement l'une des premières erreurs que j'ai faite. Il y a 2 ans, quand j’ai commencé à contacter les fabricants pour travailler avec eux, j’étais mal informé sur les process de fabrication, sur les durées, sur la façon de contacter les bonnes personnes. Il faut faire attention, parce qu’on peut rapidement être catalogué comme “amateur”.