La parole est laissée à Lauriane, qui nous raconte son histoire, entre engagement pour l'émancipation des femmes et sensibilité écologique.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour, je m'appelle Lauriane, et j'ai un parcours en commerce international et marketing du luxe, notamment 6 années passées en tant que chef de projet packaging textile pour une société détenue par des actionnaires chinois. Ma vocation est née en 2018, j'en avais alors assez d'avoir à choisir lesquelles de mes amies et moi devaient prendre les affaires quand nous sortions en soirée ! Entre temps, je suis tombée sur un article en 2018, une étude d'un webzine américain qui présentait le manque de poches fonctionnelles chez les femmes. Seulement 10% des poches des femmes peuvent contenir une main de taille moyenne, contre 100% pour les hommes. Les poches des femmes ne sont généralement pas fonctionnelles et peu adaptées au confort de vie. J'avais aussi le goût de l''entrepreneuriat, et du blazer, et une vraie envie de me lancer. Au fil des années j'ai également développé mon attrait pour les projets avec un impact réduit sur l''environnement : j'ai donc choisi d’allier une marque durable et éco-responsable avec un projet fonctionnel visant à réduire les inégalités femmes-hommes.
Super, et dans quelle région êtes-vous établie ?
Je suis basée à Villemomble, qui est dans le 93.
Depuis quand êtes-vous lancée ?
Officiellement, la société a été créée en janvier 2020, mais le projet a été lancé en campagne de financement participatif en octobre 2020. Je travaille sur l'entreprise depuis fin 2019, quand j'ai quitté mon précédent emploi.
Quelles ont été les étapes de la création de votre projet (financement, business plan, étude de marché...) ? À qui vous êtes-vous adressée pour la création de votre entreprise ?
La prise de conscience vers la fin de l'année 2018 a été très importante. L'idée structurée, j'ai réalisé une étude de marché, et ai participé à une formation de la CCI de Bobigny en mai 2019. J'étais alors encore en activité. Après avoir quitté mon emploi en rupture conventionnelle en septembre 2019, l'identité visuelle a été créée. Plusieurs taches restaient à faire, à savoir la visite d'un atelier au Portugal, la production des prototypes, le lancement sur les réseaux sociaux, et la campagne de financement participatif. Finalement, la première livraison a eu lieu en janvier 2021 !
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre concept ? À qui s'adresse votre projet ? Quel est votre petit "plus" par rapport aux autres ?
Auria Paris est une marque éco-responsable qui s'engage pour l'émancipation des femmes grâce à des poches fonctionnelles, positionnées stratégiquement en tenant compte de la morphologie. Nous avons donc une cible féminine, entre 30 et 45 ans, des femmes actives et urbaines, et ayant une sensibilité écologique. Il faut savoir que deux tiers des Français considèrent l'engagement RSE comme un critère majeur de préférence. Je voulais vraiment un produit transparent. L'alliage de la démarche sociale et environnementale fait la force d’Auria !
Comment exercez-vous cette activité ? Avez-vous un local commercial ? À domicile ? Sur Internet ?
Pour le moment, notre boutique est exclusivement sur notre e-shop, et j'exerce depuis chez moi. J'ai également intégré l'incubateur Convergence du ME93 , qui me permet de travailler en coworking à Aulnay-sous-Bois. Je suis aidé par une amie, styliste/modéliste de formation, qui m'aide pour le dev tech, ainsi que soutenue par une freelance pour la direction artistique, l' organisation des shooting, ainsi que les réseaux sociaux.
Quels bénéfices personnels tirez-vous de cette activité ? Qu'avez-vous appris de cette expérience ?
L'entrepreneuriat est une belle aventure, on rencontre énormément de personnes, et chaque jour ne se ressemble pas. Il n'y a pas de routine, et j'apprends beaucoup, aussi bien professionnellement que sur moi-même (la remise en question aidant à se développer). On ne peut être bon partout, et il faut vraiment savoir s'entourer, demander de l’aide. Tout cela est très enrichissant.
Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées au cours de cette aventure ?
Le choix des fournisseurs a été difficile : c'est extrêmement long ! Trouver des partenaires dont les minima sont raisonnables ou qui vous prennent au sérieux peut aussi se révéler ardu. Cependant, j'ai eu la chance de trouver des partenaires fiables. Aussi, quand on est seul, l'isolement de l'entrepreneur qui se lance peut-être un problème.
Je pourrais également parler du fait que 6 mois sont passés avant que je trouve une source de matière première pour les vêtements ! Aussi, le minimum officieux de préventes négocié avec le fabricant n'avait pas été atteint au cours de la campagne participative, les coûts de production ont augmenté ! Le peu de marge obtenue était complètement absorbée. Ce sont des petites contraintes, mais c'est le jeu, et on en apprend beaucoup pour la suite.
Comment avez-vous géré la crise du Covid ? Quel impact a-t-elle eu ?
En plus de ce que j'ai déjà mentionné, la crise a posé des problèmes pour toucher de nouvelles clientes et générer de nouvelles ventes. Entre les deux confinements, j'avais intégré quelques pièces dans un concept store parisien, « We Art from Paris », mais les nouvelles réglementations ont minimisé l'impact de cet espace pourtant stratégique. En effet, au-delà du fait que l'emplacement était parfait, l’espace donnait des possibilités en termes d’expérience : je pouvais enregistrer un audio présentant la marque, grâce à un QR code accessible aux clientes.
Quel conseil donneriez-vous aux futurs entrepreneurs ?
Savoir demander de l'aide (à des amis, à de la famille, à des professionnels), et savoir s'entourer. Aussi il ne faut pas hésiter à se lancer, ne pas attendre que tout soit parfait. À vrai dire, on ne maîtrise pas tout en étant seul, que ce soit en interne ou en externe. Il faut se lancer, parler de son projet autour de vous, construire une communauté.
De quelle manière avez-vous utilisé la plateforme pour la création de votre projet ?
J'ai utilisé la plateforme principalement pour obtenir de l'information : je voulais un suivi personnel et connaître les possibilités de partenariat avec les banques ou les sources de financement externes.