Étude de marché des cabinets dentaires

Les chiffres clés du marché

11,3 milliards d’€

total des honoraires des chirurgiens-dentistes libéraux en 2021

83 %

des chirurgiens-dentistes exercent à titre libéral en 2022

+4,1 %

de hausse des remboursements des soins dentaires en 2022

35 577

chirurgiens-dentistes libéraux actifs en 2022

15 %

des soins dentaires sont réalisés en centres dentaires

43 %

des Français consultent une fois par an un dentiste

Dans cet article

un cabinet de chirurgie dentaire

Code APE/NAF pour un dentiste libéral : 86.23Z

L’activité d’un dentiste libéral est rattachée au code APE/NAF 86.23Z correspondant à la pratique dentaire. Cela inclut :

  • les pratiques dentaires générales ou spécialisées (art dentaire, endodontie, dentisterie pédiatrique, pathologie orale) ;

  • l’orthodontie ;

  • les activités liées à la chirurgie buccale ;

  • les actes dentaires réalisés en salles d’opération.

Il existe d’autres codes APE pour des professions proches, comme le code APE/NAF 32.50A (Fabrication de matériel médico-chirurgical et dentaire) pour les prothésistes dentaires

L’activité d’un cabinet dentaire libéral

Un cabinet dentaire libéral propose différents services de soins bucco-dentaires :

  • De la prévention (détartrage, examens réguliers) ;

  • Des soins conservateurs (traitement de caries, dévitalisation) ;

  • La pose de prothèses dentaires ;

  • L’orthodontie ;

  • L’esthétique dentaire (blanchiment, facettes).

En 2022, 35 577 chirurgiens-dentistes libéraux exerçaient sur le territoire.

1 524

nouveaux dentistes libéraux sont installés.

L’organisation de l’activité

L’activité de dentiste s’organise principalement autour de différents modes d’exercice. L’exercice libéral reste largement majoritaire dans la profession, représentant environ 83 % des chirurgiens-dentistes (libéraux exclusifs et mixtes).

Parmi eux, certains optent pour une organisation collective, en intégrant des structures comme les sociétés civiles de moyens (SCM), les sociétés civiles professionnelles (SCP), les sociétés d’exercice libéral (SELARL) ou encore les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA). Ces regroupements de professionnels permettent de partager les coûts des infrastructures et d'améliorer l’efficacité organisationnelle.

Ces dernières années, on constate un attrait croissant des centres de santé, qui regroupent désormais 15 % des praticiens.

1 312

c'est le nombre de centres de soins dentaires en 2023.

Ce basculement vers des activités salariées ou mixtes reflète une diversification des pratiques.

L’activité hospitalière, en revanche, reste marginale, avec peu de dentistes exerçant en milieu hospitalier.

Les syndicats

La FSDL (Fédération des Syndicats Dentaires Libéraux) est le 1er syndicat représentatif des chirurgiens-dentistes libéraux depuis 2015. Cette organisation accompagne les praticiens en exercice libéral dans le développement de leurs compétences, le choix de leur équipement technique et la gestion de leur cabinet.

L’UD (Union Dentaire) œuvre également pour l’avenir de la profession et des chirurgiens-dentistes libéraux. Elle se consacre à la défense des intérêts moraux et matériels des praticiens et s’engage à promouvoir l’exercice libéral de la chirurgie dentaire.

Le marché des soins dentaires

Contexte du marché

Le marché des soins dentaires est porté par plusieurs facteurs : le vieillissement de la population, les campagnes de prévention publiques, le report des soins suite à la crise sanitaire et l’intérêt croissant pour les soins esthétiques.

Une hausse de 2,6 %

en valeur de la consommation de soins dentaires est constatée en 2022.

Entre 2018 et 2021, le nombre moyen d’actes prothétiques par patient est passé de 2,3 à 3, selon le SNDS.

45 249 chirurgiens-dentistes exercent leur activité en 2023. Malgré cette ressource, la répartition des praticiens est inégale et crée des disparités territoriales. La densité de dentistes s’est stabilisée à 52,3 dentistes pour 100 000 habitants en 2022.

La concurrence s’intensifie sur le marché des soins dentaires. L’exercice en cabinet libéral est en déclin au profit des centres dentaires. Plus de 15 % des soins dentaires sont réalisés dans ces centres, un chiffre en forte progression. Des fonds d’investissement (G Square dans Dentego, Abenex dans Dentelka, MBO+ dans Dentylis, Qualium Investissement dans Clinadent, etc.) soutiennent leur expansion.

En parallèle, la réforme 100 % Santé dentaire a davantage mobilisé les organismes complémentaires d’assurance-maladie dans le financement des soins dentaires. Mais l'accès aux soins reste un problème majeur pour les patients, même si les complémentaires santé participent désormais au financement à hauteur de 44 % des dépenses dentaires.

Aujourd’hui, les conventions nationales récentes (2018 et 2023) visent à améliorer l'accès aux soins, en favorisant la prévention et les soins conservateurs.

Évolution du nombre de chirurgiens-dentistes

Le nombre de chirurgiens-dentistes en France progresse chaque année. Cette évolution démographique s’explique en partie par l’augmentation des dentistes formés à l’étranger, principalement dans des pays européens.

On constate que la proportion de praticiens français diplômés hors de France a considérablement augmenté, 13,6 % de dentistes diplômés à l’étranger en 2021 (3,7 % en 2012). Parmi les 1 665 chirurgiens-dentistes primo-inscrits en 2021, 661 avaient été formés à l’étranger.

Pour répondre à la demande croissante en soins bucco-dentaires, le gouvernement a annoncé en 2021 l’ouverture de 8 nouvelles facultés d’odontologie, qui s’ajouteront aux 16 établissements déjà existants. Un effort qui vise à former plus de 7 200 étudiants formés en odontologie d’ici 2026.

Évolution des lieux d'activité des chirurgiens-dentistes

Seuls 26 % des chirurgiens-dentistes exercent dans un cabinet médical indépendant. Une chute progressive peut s’expliquer notamment par les avantages économiques, logistiques et organisationnels offerts par les regroupements.

La tendance est à la pratique en groupe. Aujourd’hui, 56 % des chirurgiens-dentistes exercent au sein de cabinets de groupe (contre 46 % en 2013), faisant de ce modèle la nouvelle majorité.

L’offre sur le marché de soins dentaires

Le marché des soins dentaires se structure autour de plusieurs acteurs.

Cabinets dentaires indépendants

Avec une majorité de chirurgiens-dentistes libéraux sur le territoire, les cabinets dentaires indépendants représentent une part importante de l’offre en soins dentaires. Tenus par un ou plusieurs praticiens, ce type de structure se distingue par leur relation de proximité et le suivi personnalisé.

Les praticiens y bénéficient d’une grande autonomie dans le choix des équipements et des protocoles de soin. La capacité de prise en charge limitée des cabinets indépendants peut freiner l’accès aux soins.

Centres de santé dentaire

Les centres de santé dentaire ont l’avantage de regrouper l’ensemble des spécialités dentaires sous un même toit : implantologie, orthodontie, esthétique dentaire, soins prothétiques…Le parcours des patients est alors simplifié.

Ils s’imposent comme des concurrents de taille face aux cabinets dentaires indépendants. Les centres de santé dentaire sont appréciés par leur accessibilité et les plages horaires étendues. Mais le service standardisé peut susciter parfois des controverses liées à une gestion orientée vers la rentabilité.

3 réseaux de centres de santé dentaire dominent :

  • Dentengo (100 centres)

  • Dentylis (39 centres)

  • Dentenka (27 centres)

Cliniques privées spécialisées

Ces structures, généralement spécialisées dans les implants ou dans l’orthodontie, captent une faible part du marché. Les équipements de pointe et des praticiens hautement qualifiés attirent une clientèle prête à investir dans des soins bucco-dentaires haut de gamme. Mais leurs coûts élevés rendent ces structures peu accessibles à une majorité de la population.

Réseaux européens de cliniques dentaires

Ces dernières années, la concurrence s’est intensifiée avec le développement des réseaux européens de cliniques dentaires. Parmi eux, on peut citer la plateforme européenne Eurodentaire spécialisée dans l’information et la réservation de traitement dentaires. Elle offre ses services principalement en Hongrie, en Roumanie et en Espagne, en orientant les patients vers des cliniques dentaires certifiées et labellisées.

Associée au tourisme dentaire, ces cliniques séduisent par les prix compétitifs et leurs offres de soins attractives. Mais la distance géographique rend le suivi post-opératoire et les urgences compliqués.

L’étude de la demande en soins dentaires

Habitudes de la patientèle

815

c'est le nombre moyen de patients uniques par an que reçoit un dentiste libéral.

Selon les données de l’Assurance Maladie sur la santé bucco-dentaire en 2024, 43 % des Français consultent leur chirurgien-dentiste chaque année. Cette visite est réalisée souvent dans une logique préventive, comme le détartrage ou le dépistage des caries.

Mais près d’1 Français sur 3 renonce aux soins dentaires, principalement pour 56 % d’entre eux, pour des raisons économiques, mais aussi à cause de délais importants ou d’éloignement des professionnels (30 % des cas).

Répartition des soins opérés par les dentistes

En 2023, les prothèses dentaires (couronnes, bridges et implants) représentent 46 % des dépenses, une part renforcée par la réforme du 100 % Santé de 2019.

Les soins conservateurs, comme les traitements de caries, les dévitalisations ou les actes de prothèses non couverts par le 100 % Santé, représentent 23 % de la consommation totale.

Par ailleurs, les soins esthétiques, bien qu’ils ne soient pas remboursés par l’Assurance Maladie, gagnent en popularité. Des interventions comme le blanchiment, les facettes ou l’orthodontie adulte sont de plus en plus demandées, témoignant d’une sensibilité croissante des Français à leur image et à leur sourire.

L’analyse des canaux de distribution de soins dentaires

Le cabinet dentaire physique reste le canal principal, offrant un accès direct aux soins et une proximité géographique qui sont des critères majeurs pour les patients. Pour rester compétitifs, les dentistes libéraux peuvent exploiter les outils numériques comme les plateformes de référencement en ligne (Doctolib, KelDoc).

Pour appuyer cette visibilité, plusieurs stratégies peuvent être adoptées :

  • La création d’un site internet professionnel intégrant un système de prise de rendez-vous en ligne ;

  • Les téléconsultations dentaires, encore rares, mais en développement pour les diagnostics préliminaires. Un axe intéressant pour répondre aux besoins des patients à mobilité réduite ou dans des zones rurales ;

  • La collaboration avec d’autres professionnels de santé via une CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé) qui favorise un ancrage local.

Les tendances du marché des soins bucco-dentaires

Grandes tendances

Le marché des soins dentaires en France est en pleine transformation. Parmi les tendances majeures, la demande des soins esthétiques (blanchiment dentaire, facettes) est en progression. Ces prestations attirent une patientèle désireuse d’améliorer l’apparence de leur sourire, contribuant à diversifier l’offre des cabinets dentaires.

L’intégration des technologies de pointe devient un standard. Les scanners intra-oraux, l’imagerie 3D ou encore les imprimantes 3D transforment la manière dont les prothèses sont fabriquées et les diagnostics établis. Ces innovations permettent des soins plus précis et rapides. Cela renforce l’attractivité des praticiens qui investissent dans ces outils.

En parallèle, la part des soins effectués en cabinets libéraux diminue progressivement. Celle-ci est passée de 91,7 % en 2013, à 84,9 % en 2023, au profit des centres de santé dentaire, qui réalisent aujourd’hui 15,1 % des actes. Cette dynamique pose un défi aux cabinets individuels, qui doivent s’adapter en se regroupant ou en se spécialisant.

Le marché est également impacté par le tourisme dentaire qui gagne du terrain.

Chaque année, plus de 30 000 patients français se tournent vers des cliniques en Europe, selon le CNSE.

plus de 30 000

patients français se tournent vers des cliniques en Europe chaque année, selon le CNSE.

Le nombre de dossiers pour des soins dentaires réalisés en Europe augmente de plus de 15 % par an. Cette tendance s’explique par des coûts souvent inférieurs.

Perspectives du secteur

L'inflation actuelle alourdit les coûts d'exploitation, impactant la rentabilité des cabinets dentaires. Ce contexte oblige les praticiens à repenser leur modèle économique, notamment en s’appuyant sur les dépassements d’honoraires pour des prestations à forte valeur ajoutée comme l’implantologie, l’orthodontie ou les soins prothétiques spécialisés.

La demande croissante pour ces prestations spécialisées peut représenter une opportunité significative. La diversification de l’offre vers des soins esthétiques est également un levier stratégique.

Des opportunités supplémentaires se dessinent dans les zones sous-dotées, où les incitations fiscales et les besoins non satisfaits encouragent l'ouverture de nouveaux cabinets dentaires. Les praticiens qui s'installent dans ces régions peuvent non seulement bénéficier d’un environnement économique plus favorable, mais aussi contribuer à répondre à une demande locale forte.

Conclusion

Les cabinets dentaires libéraux sont des acteurs importants dans le système de santé en France. En 2021, les honoraires des chirurgiens-dentistes libéraux en France se sont élevés à 11,316 milliards d’euros.

Aujourd’hui, l’accès aux soins bucco-dentaires reste un défi de taille pour le pays. La France s’engage dans une dynamique ambitieuse axée sur la prévention, avec pour but de favoriser l’émergence de « générations sans caries ».

La nouvelle convention dentaire 2023-2028 vise à transformer le paysage de la santé bucco-dentaire. S’adressant à près de 35 700 chirurgiens-dentistes libéraux, elle prévoit un investissement de plus de 600 millions d’euros.

Cet effort financier substantiel cherche à améliorer l’accessibilité des soins pour tous les Français en réduisant le reste à charge des patients et en facilitant les modalités de prise en charge. Ce cadre renforce les bases d’un système plus équitable et proactif, mettant l’accent sur la prévention et l’amélioration de la qualité des soins.