Qui peut ouvrir un cabinet d'ophtalmologie ?
Le diplôme d'études spécialisées Ophtalmologie est obligatoire.
Pour exercer, vous devez vous inscrire au tableau de l'Ordre des médecins, auprès de l'Agence Régionale de Santé et de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (en cas de conventionnement). Vous obtiendrez ensuite un numéro RPPS (Répertoire Partagé des Professionnels intervenant dans le système de Santé), nécessaire pour demander votre Carte de Professionnel de Santé (CPS).
Les ophtalmologues souhaitant créer leur propre cabinet dépendent des collectivités, des gestionnaires d'établissements de santé, voire des ONG. Ils doivent se tourner vers l'une de ces structures pour faire aboutir leur projet, puisque la décision repose sur les besoins de la population en matière de services ophtalmologiques.
Sinon, les professionnels de la profession peuvent ouvrir leur cabinet grâce au groupe Point Vision. Il s'agit du premier réseau national de centres d'ophtalmologie qui aide les praticiens à devenir ophtalmologue-chef au sein de leur propre centre Point Vision. Cet organisme vous accompagne dans chaque étape dont il est question dans cet article.
Étape 1 : Définir et valider son projet d'ouvrir un cabinet d'ophtalmologie
La loi encadre strictement la création des centres d'ophtalmologie (présence de plusieurs praticiens dans l'établissement). L'Agence régionale de santé (ARS) autorise une nouvelle ouverture en fournissant un agrément. Pour l'obtenir, il faut constituer un dossier incluant notamment :
un diagnostic de territoire ;
un business plan ;
un projet de santé avec le règlement de fonctionnement de l'établissement.
Ouvrir un cabinet libéral en indépendant ne nécessite pas de projet santé (seuls les centres de soins sont concernés). Vous devrez tout de même réaliser une étude de marché et un business plan pour mettre toutes les chances de votre côté, sous peine de vous installer dans une zone trop concurrentielle. Et, comme précisé plus haut, la réussite de ce projet dépendra toutefois de la décision des collectivités selon les besoins des habitants de la zone choisie.
L'étude de marché pour choisir son territoire d'implantation
Dans le cadre de l'ouverture d'un centre d'ophtalmologie, on parle plutôt de constituer un diagnostic de territoire. Certaines zones du territoire français comptent déjà de nombreux cabinets d'ophtalmologie, tandis que d'autres en manquent. Les deux documents ont la même finalité : faire en sorte que votre établissement remédie à cette disparité.
1️⃣ Définir le choix du lieu d'installation : vous devrez recueillir des données quantitatives et qualitatives sur :
la densité de la population ;
les attentes et les besoins des habitants ;
l'existence et le nombre d'offres de soins en ophtalmologie ;
les concurrents (optométristes, techniciens aides-soignants en ophtalmologie, orthoptistes).
Intéressez-vous également à la fréquence moyenne des consultations chez l'ophtalmologue. Il est tout aussi important de déterminer si les médecins dans la région sont surchargés ou, au contraire, en manque de patients.
Bon à savoir
C@rtoSanté est désormais accessible aux ophtalmos et aux orthoptistes. Cet outil permet de consulter des cartographies de l'offre, de l'activité et de l'accès aux soins libéraux dans ces secteurs.
2️⃣ Il faudra ensuite analyser les données récoltées afin de comprendre les atouts, les forces, les opportunités possibles sur le territoire, mais aussi les fragilités, les faiblesses ainsi que les risques et menaces.
👉 Les résultats obtenus permettront de concevoir une offre pertinente et de définir une stratégie d'action (objectifs, moyens à mobiliser, etc.).
Bon à savoir
Au 1ᵉʳ janvier 2023, la profession comptait 5 749 ophtalmologues dont 3 412 libéraux exclusifs (source : Dress) soit 45 de moins qu'en 2022.
Le business plan de l'ophtalmologue
Le business plan doit être structuré pour refléter les aspects médicaux, financiers et opérationnels de l'activité. Il vous sera indispensable pour trouver les financements nécessaires. Ce travail sécurisera la réalisation du projet, qu'il s'agisse d'une première installation ou pour le rachat d'un cabinet.
📂 Il se compose des éléments suivants :
Présentation du ou des ophtalmologues (expérience, qualifications et spécialité).
Résultats de l'étude de marché faite au préalable.
Modèle économique envisagé (services proposés, partenaires, ressources clés, etc.).
Forme juridique choisie pour exercer l'activité.
Projections financières comprenant le plan de financement, le compte de résultat prévisionnel, le chiffre d'affaires prévisionnel, etc.
Créez un business plan convaincant en quelques clics et réutilisez-le partout. Si vous avez des questions, un coach vous accompagne.
Le projet de santé et le règlement de fonctionnement
Cette étape concerne l'ouverture de centre de soins en ophtalmologie. Sans projet santé, il n'y a pas d'ouverture possible. Ce document fait partie du dossier à transmettre à l'Agence régionale de santé (ARS). Il comprend, entre autres, le règlement du fonctionnement du futur centre.
Vous devrez également transmettre un engagement de conformité.
👉 Le projet santé fait office de déclaration d'ouverture. Sa validation par l'ARS atteste le réalisme du projet et aboutit à l'obtention d'un numéro d'immatriculation au répertoire FINESS (Fichier National des Établissements Sanitaires et Sociaux). Ce numéro sera associé à vos identifiants SIREN et SIRET.
Vous pouvez inclure toute pièce supplémentaire dans votre dossier qui pourrait soutenir la validation de votre projet.
Attention
Avant l'envoi de votre projet santé à l'ARS, vous devrez :
valider votre local et votre projet de bail ;
procéder à la création de votre entreprise (les statuts et justificatifs sont à joindre au dossier ARS) ;
déposer votre dossier de financement aux organismes bancaires.
Étape 2 : Choisir le statut juridique de son établissement ophtalmologique
Les praticiens peuvent exercer leur activité libérale sous diverses formes juridiques.
Pour ouvrir un cabinet libéral en solo, vous avez le choix entre :
la Société d'exercice libéral unipersonnelle à responsabilité limitée (SELURL) ;
ou la Société d'exercice libéral par actions simplifiées unipersonnelle (SELASU) ;
ou la Société civile professionnelle (SCP).
Pour ouvrir un centre de soins à plusieurs, tournez-vous vers :
la Société d'exercice libéral à responsabilité limitée (SELARL) ;
la Société d'exercice libéral par actions simplifiée (SELAS) ;
ou la Société civile professionnelle (SCP).
🤝 Vous pouvez également choisir de mettre en commun les moyens d'exploitation nécessaires avec d'autres praticiens à travers une Société Civile de Moyens (SCM). Dans ce cas, les associés sont indéfiniment et solidairement responsables en cas de dettes sociales.
Statut juridique |
Avantages |
Inconvénients |
---|---|---|
Société d’Exercice Libéral (SEL) |
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Société Civile Professionnelle (SCP) |
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Société Civile de Moyens (SCM) |
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Étape 3 : Réaliser les formalités administratives
La création de votre entreprise implique plusieurs étapes :
Rédiger les statuts juridiques (à faire soi-même ou avec l'assistance d’un avocat) ;
Ouvrir un compte professionnel ;
Procéder au dépôt du capital social ;
Annoncer la constitution de la société dans le Journal d'annonces légales (JAL) ;
Procéder à l'immatriculation (n° SIRET) de votre entreprise via le Guichet Unique.
À partir de 8 €/mois, sans engagement.
Étape 4 : Obtenir un financement pour ouvrir son cabinet
Les charges globales d’un cabinet d’ophtalmologues sont comprises entre 6 000 et 30 000 € mensuels.
Pour les équipements, l’investissement peut avoisiner les 500 000 €. Il est toutefois possible de commencer avec le matériel de base uniquement pour réduire l’investissement à 250 000 € environ.
Quant au coût d’une installation globale, elle est comprise entre 150 000 € (cabinet ancien tout équipé, matériel amorti) et peut atteindre 2 millions d’euros en incluant le rachat de clientèle.
💡 En général, l'ARS, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), ou encore les collectivités proposent des aides financières à la création d'établissements de santé. Elles peuvent se matérialiser par la prise en charge des frais liés aux locaux, à l'équipement, au recrutement, etc. En outre, les Conseils régionaux proposent une aide à l'acquisition immobilière des structures de santé d'exercice collectif.
Sinon, d'autres solutions de financement peuvent se présenter selon votre situation et sous conditions :
Aides financières pour les cabinets en zone sous-dense ;
Formules sur-mesure de report (obtenir le matériel indispensable à l'exercice en décalant leur paiement de plusieurs mois ;
Crédit-bail mobilier (location de l'équipement avec option d’achat) ;
👉 Pour finir, les praticiens sous convention peuvent bénéficier de :
la création d’un forfait de modernisation et d’informatisation du cabinet dentaire ;
dispositifs d'incitation à l’installation et au maintien dans les zones "très sous-dotées" ;
la participation de l’assurance maladie au financement de la complémentaire vieillesse, à l’assurance maladie maternité décès.
Bon à savoir
Si l'établissement est pluridisciplinaire et coordonné (centre de soins, Maison de Santé Pluriprofessionnelle), un plus grand nombre d'aides existent. Renseignez-vous !
Étape 5 : Les assurances obligatoires pour l'activité d'ophtalmologue
Avant d'ouvrir votre centre d'ophtalmologie, vous devrez souscrire aux assurances suivantes :
Responsabilité Civile Professionnelle (RC Pro) : en cas de dommage causé à un patient.
Assurance multirisque professionnelle : en cas de sinistre, pour protéger vos biens matériels professionnels, et pour couvrir les frais de comparution et de défense au tribunal en cas de litige.
Mutuelle : obligatoire si votre cabinet emploie du personnel.
Étape 6 : Installer son cabinet d'ophtalmologie
Trouver des locaux pour son activité d'oculiste
Une étude d'exploitabilité du territoire permettra d'évaluer la faisabilité de l'implantation du cabinet ou centre ophtalmologique dans la zone géographique visée. Cette étape est indispensable pour choisir le local idéal.
Cette analyse prend notamment en compte :
l'accessibilité du lieu et son aspect stratégique ;
la proximité avec les professionnels de santé ;
la disponibilité et l'état des équipements spécifiques à l'activité ;
les besoins de la population en matière de soins oculaires.
Le choix du local dépend également de la taille de la structure et de la composition de l’équipe.
Acheter le matériel nécessaire
Les installations de base indispensables sont les suivantes :
Équipement |
Prix indicatif |
---|---|
Autoréfractomètre |
3 000 € |
Frontofocomètre |
1 000 € - 1 500 € |
Réfracteur |
2 000 € - 4 000 € |
Tonomètre automatique |
3 000 € |
Tomographie par Cohérence Optique (OCT) |
50 000 € |
Lampe à fente |
3 000 € |
Topographe |
50 000 € |
Angiographe |
150 000 € |
Matériel divers |
entre 1 000 et 2 000 € par mois |
Recruter si nécessaire
Selon votre projet, le recrutement demeure une phase incontournable. Votre établissement peut se composer de plusieurs praticiens spécialisés dans différentes pathologies (chirurgie réfractive, la chirurgie de la cataracte, la rétine, le glaucome, la pédiatrie ophtalmique, etc.). On retrouve également :
des orthoptistes, dont le travail consiste au dépistage, à l'analyse, au traitement et à la rééducation des troubles visuels ;
des assistants médicaux, chargés de la gestion de la patientèle (prise de rendez-vous, constitution des dossiers médicaux, gestion du tiers payant, consultation des droits, etc.) ;
du personnel administratif et fonctionnel, pour la comptabilité ou encore les ressources humaines (tout dépendra de la taille de la structure).
Comment fixer ses tarifs pour une consultation ?
La convention médicale, signée entre les syndicats de médecins et l'Assurance Maladie, fixe les tarifs de remboursement des consultations ainsi que les deux autres modes de rémunération : forfaits et rémunération sur objectif de santé publique (ROSP). Ces éléments sont à prendre en considération pour établir vos tarifs.
Exemple
Les praticiens conventionnés secteur 1 doivent respecter les tarifs de la Sécurité sociale, c'est-à-dire 30 €.
En secteur 2, la convention s'applique, mais les spécialistes peuvent pratiquer le dépassement d'honoraires librement ou en adhèrent à l'OTPAM (option pratique tarifaire maîtrisée).
En secteur 3, les praticiens ne sont pas conventionnés. Ils peuvent choisir leurs tarifs librement.
Comment faire connaître son cabinet d'ophtalmologie ?
Pour vous rendre visible auprès de la patientèle, vous pouvez :
Mettre en place une fiche Google My Business.
Créer un site web avec prise de rendez-vous en ligne.
Diversifier vos prestations.
Apparaître sur les agendas en ligne (Doctolib, KelDoc, Maddie etc.).
Adhérer à la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) de votre lieu d'exercice.