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Travailler avec ses enfants : réglementation et erreurs à éviter

4 min. de lecture
Mis à jour le 31 Juillet 2023
Travailler avec ses enfants
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En résumé

  • Travailler avec ses enfants doit se faire dans un cadre légal bien déterminé pour éviter tout litige ou l’assimilation du poste à une fraude.

  • Le choix du statut des enfants dans l’entreprise a une importance fondamentale sur ses droits et obligations internes.

  • L’erreur principale à éviter lorsqu’on travaille avec ses enfants c’est d’oublier sa vie familiale et sa relation parent-enfant.

Dans quel cadre peut-on travailler avec ses enfants ?

Travailler en famille est une décision qui demande à être bien réfléchie surtout lorsqu’elle concerne l’embauche de ses enfants. En effet, la frontière étant assez mince entre une relation d’autorité parents-enfants et un état de subordination inhérent à un contrat de travail, cela peut avoir des conséquences, aussi bien sur le plan personnel que professionnel.

C’est pourquoi, entre « l’entraide familiale » et l’emploi rémunéré d’un enfant, il est indispensable de se fixer un cadre bien défini pour éviter tout débordement ou désaccord. Car si la réglementation en vigueur est assez floue sur l’embauche et le lien de parenté, elle peut être très répressive, surtout en cas de présomption de travail dissimulé.

Bon à savoir

En droit du travail, aucun texte n’interdit l’emploi d’un membre de sa famille dès qu’il y a une « prestation de travail ». C’est-à-dire que travailler avec vos enfants, comme travailler avec votre conjoint, doit consister en « une activité rémunérée contre une intervention régulière et effective ».

Quel statut pour son enfant dans l’entreprise familiale ?

En tant que micro-entrepreneur, sans salarié, ou gérant d’une société avec peu d’employés, il est courant de solliciter l’aide de ses enfants. Alors, ce qui définira au mieux le cadre de l’embauche de vos enfants, c’est le statut qu’ils auront dans votre entreprise.

L’entraide familiale en entreprise

Ici, il ne s’agit pas d’un statut juridique, mais « d’une autorisation à faire travailler son enfant à dans l’entreprise familiale de manière ponctuelle, voire spontanée, en dehors de tout lien de subordination, pour une activité qui n’est pas nécessaire au fonctionnement habituel de l’entreprise, et ce, sans rémunération. »

Il s’agira donc uniquement pour eux de tenir la boutique le temps d’une absence ou de mettre la main à la pâte pour répondre à une commande exceptionnelle... Mais attention à ce que le « coup de pouce » demandé ne soit pas régulier ! Car, en cas de contrôle de l’inspection du travail ou de l’Urssaf, le risque est de vous voir sanctionné pour travail dissimulé.

D’après la sous-direction de la réglementation et de la sécurisation juridique de l’Acoss « Le meilleur conseil que l’on peut donner au cas où les tâches confiées à son enfant pourraient se répéter, c’est de lui faire un contrat de travail. »

De surcroît, l’embauche de votre enfant lui permettra de bénéficier de droits sociaux et d’une couverture en cas d’accident du travail.

Bon à savoir

Ce sont dans les cas d’entraide familiale que les contentieux sont les plus fréquents, avec des enfants qui tentent, a posteriori, de faire reconnaître leurs droits, estimant avoir exercé une activité régulière dans l’entreprise de leurs parents sans contrepartie.

Le statut de salarié

Ainsi, lorsque la relation de travail est régulière, un entrepreneur ne peut pas faire travailler l’un de ses enfants, dans le cadre du bénévolat, ni même de l’entraide familiale. Pour éviter tout risque de redressement par l’URSSAF, voire une condamnation pour travail dissimulé, le statut de salarié est généralement privilégié par le gérant d’entreprise qui souhaite travailler avec ses enfants.

Mais attention, si ce statut est compatible avec une fonction de direction, embaucher votre fille ou votre fils étudiant(e) en première année de droit comme directrice ou directeur financier serait pour le moins hasardeux et une possible source de litige ! En effet, le risque serait de vous voir attaqué par d’autres candidats au poste pour discrimination ou favoritisme.

Une accusation difficile à prouver dès lors que votre enfant possède les compétences requises. C’est pourquoi, tout chef d’entreprise qui embauche ses enfants doit être capable d’expliquer les raisons professionnelles de son choix.

Bon à savoir

Si vous faites le choix du statut de salarié pour travailler avec votre enfant, n’oubliez pas qu’il doit, comme tous vos autres employés, figurer sur le registre du personnel.

Le statut de mandataire social pour un enfant

Le statut de mandataire social se définit par son pouvoir de représentation, de gestion et de direction de la société. Ainsi, travailler avec un enfant sous ce statut en fait le représentant et responsable devant les actionnaires, les partenaires et la loi. En fonction du statut juridique de votre entreprise, il sera :

  • Gérant dans une SARL ou EURL ;

  • Président dans une société commerciale de type SAS ou SASU ;

  • PDG ou directeur général dans une société anonyme (SA).

Mais, il faut savoir que choisir le statut de mandataire sociale pour travailler avec son enfant est très lourd de responsabilité pour ce dernier. En effet, sens juridique du terme, le mandataire est responsable civilement en cas de faute de gestion et sa responsabilité pénale peut également être engagée, notamment lors d'un abus de biens social.

Bon à savoir

Le statut de mandataire social est cumulable avec celui de salarié mais à condition que les deux fonctions n’aient pas de lien de subordination, ce qui est particulièrement rare.

Le statut actionnaire ou associé pour travailler avec son enfant

Un enfant actionnaire ou associé possède des parts de capital dans la société, c’est pourquoi ce statut est souvent choisi dès les premières démarches de création d’une entreprise. Car la distinction entre le statut d’actionnaire ou d’associé se fait dès le choix de du statut juridique de l’entreprise :

  • pour une société de personnes de type SCI, SCP, SNC, on parlera d’un enfant associé détenant des parts sociales ;

  • dans le cadre d’une société de capitaux de type SA, SCA, SAS, on parlera d’un enfant actionnaire ayant fait un apport au capital social ;

  • considéré comme une société mixte, la SARL accorde autant d’importance à l’associé qu’à ses capitaux, le choix de l’appellation revient donc au gérant.

La différence entre ces statuts juridiques justifie que la cession de parts sociales, pouvant engendrer le départ ou l’arrivée d’enfants associés, soit plus contrôlée et plus encadrée que la cession d’actions.

Dans les deux cas, l’enfant associé ou actionnaire participant au financement de l’entreprise reçoit des titres, qui augmenteront à proportion ses droits comme ses obligations. Pour autant, ce statut n’implique pas obligatoirement que votre enfant travaille physiquement dans votre entreprise, mais il permet de le faire.

Bon à savoir

Si vous faites le choix du statut d’actionnaire ou d’associé pour travailler avec votre enfant, n’oubliez pas qu’il doit figurer sur le registre des bénéficiaires effectifs.

Quelles démarches pour déclarer le statut de ses enfants dans son entreprise ?

Lors des formalités de création d’une entreprise on vous demandera le nom et les coordonnées des associés, actionnaires ou mandataires avec qui travaille le chef d’entreprise. En effet, ces informations font partie des éléments nécessaires pour immatriculer son entreprise telles que :

  • les statuts de la société où figure la raison sociale de l’entreprise ;

  • le PV constatant la nomination du gérant de la société ;

  • le formulaire M0 ou P0, rempli par les associés et donc le ou les enfants associé(s) ;

  • une copie de la publication de l’annonce légale ou l’attestation de parution ;

  • le contrat de domiciliation du siège social ;

  • l’attestation sur l’honneur de non-condamnation du gérant de l’entreprise, donc de votre enfant si tel est le cas ;

  • une photocopie de la carte d’identité du gérant.

Bon à savoir

Décider de travailler avec ses enfants peut également se faire à tout moment après la création de l’entreprise via le guichet unique :

  • par le biais d’une déclaration modificative pour un enfant mandataire social à laquelle sera joint le PV d’AG de son élection ;

  • un changement de statuts pour un enfant associé ou actionnaire ;

  • une déclaration d’embauche pour un enfant salarié.

5 erreurs à éviter lorsqu’on travaille avec ses enfants

Pour préserver la sphère familiale certaines erreurs sont à éviter lorsqu’on travaille avec ses enfants :

  1. S’associer avec son enfant à 50-50 peut bloquer certaines décisions en cas de désaccord au moment d’une assemblée générale ;

  2. Oublier d’anticiper la transmission de son entreprise surtout lorsqu’il y a plusieurs enfants avec des statuts différents ;

  3. Négliger la relation avec le reste de la fratrie, qu’elle travaille ou non dans l’entreprise, cela peut compliquer les relations intra-familiales et professionnelles ;

  4. Ne pas déclarer ses enfants peut être assimilé à du travail dissimulé mais également les mettre face à l’absence de couverture sociale ;

  5. Rémunérer ses enfants sans travail effectif qui relèverait de l’abus de bien social.

Bon à savoir

Une dernière erreur à éviter si vous faites le choix de travailler avec vos enfants : ne pas oublier votre relation parent-enfant afin que la vie familiale ne se réduise pas à la vie de votre entreprise !

Article mis en ligne le 31 Juillet 2023

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