Étude de marché du bio en France

Les chiffres clés du marché du bio

3 086

magasins bio spécialisés en 2022

12,076 milliards d’€

vente de produits bio

215 000

nombre d’emplois directs dans la filière bio

42 €

panier moyen en magasin bio

2 millions d’€

chiffre d’affaires moyen d’un magasin bio franchisé

200

fermetures de magasins bio en 2022

Dans cet article

Étude de marché de l'épicerie bio

Code APE / NAF des épiceries bio : 47.29Z

Les magasins bio qui vendent des produits certifiés biologiques sont classifiés sous plusieurs codes APE / NAF spécifiques selon la nature de leurs activités principales. Voici les codes les plus utilisés :

  • 47.29Z - Commerce de détail alimentaire sur éventaires et marchés

  • 47.11D - Supermarchés

  • 47.21 - Commerce de détail de fruits et légumes en magasin spécialisé

  • 47.29A - Commerce de détail de produits surgelés

L’activité du marché des produits bio

Les magasins bio ont pour activité principale la vente de produits biologiques certifiés en matière d’alimentation, de produits de beauté ou d’articles ménagers.

Il existe deux types de magasins bio :

  • les grandes surfaces alimentaires : des enseignes comme Carrefour, Auchan, Leclerc intègrent des rayons dédiés aux produits bio dans leurs supermarchés et hypermarchés.

  • les magasins spécialisés qui se divisent en deux catégories avec d’un côté les franchises comme La Vie Claire, Naturalia et Biocoop. Ces chaînes possèdent une identité forte et une large présence sur le territoire. De l’autre côté, on retrouve les magasins indépendants qui offrent une sélection plus personnalisée et locale de produits, en s'approvisionnant directement auprès de producteurs régionaux.

L’organisation de la profession 

Le marché bio français est le deuxième plus important en Europe après l’Allemagne, avec un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros en 2023. Bien que le secteur ait connu une légère baisse par rapport à son pic de 2020, il reste un pilier important de l'agriculture française, représentant environ 10,7 % de la surface agricole du pays.

En 2022, la filière comptait plus de 215 000 emplois directs, dont 144 000 emplois équivalent temps plein dans les fermes bio et 71 000 emplois dans les entreprises de l’aval des filières bio (distributeurs, transformateurs, etc.).

Les fermes bio génèrent 30 % d'emplois en plus comparativement aux fermes non bio. Cette différence s'explique par le besoin accru de main-d'œuvre en bio, notamment en viticulture, afin de respecter les normes strictes de l'agriculture biologique.

La compétitivité dans le secteur s'intensifie, notamment avec l'entrée de la grande distribution dans le marché bio. Cela pousse les acteurs traditionnels du bio à innover et à diversifier leurs offres pour se démarquer, en mettant l'accent sur la qualité, la traçabilité et l'engagement local.

Les fournisseurs 

Les principaux fournisseurs du secteur bio sont les produits locaux et régionaux. Ils jouent un rôle primordial dans la chaîne d’approvisionnement des magasins bio. Les partenariats avec ces producteurs permettent aux magasins bio de garantir la fraîcheur et la qualité des produits, tout en soutenant l'agriculture locale et durable. De plus, ces collaborations assurent une traçabilité rigoureuse des produits.

Les syndicats 

Les associations comme la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) et l'Agence Bio œuvrent pour la défense des intérêts des producteurs et distributeurs bio en organisant des campagnes de sensibilisation, des formations et des événements pour encourager la consommation de produits bio. Elles participent également à l'élaboration et au respect des normes de certification bio, garantissant ainsi la qualité et la sécurité des produits proposés aux consommateurs.

Le marché du bio 

Le contexte du marché 

Le marché des épiceries bio, dont le chiffre d’affaires avait triplé au cours de ces dix dernières années, est confronté à un retournement de conjoncture. Malgré un effet prix positif, le marché en valeur poursuit son recul entamé en 2021 (-1,3% puis -4,6% en 2022).

En plombant le pouvoir d’achat des ménages, la poussée inflationniste entraîne une baisse marquée de la consommation de produits bio dont les prix sont plus élevés que ceux des produits dits conventionnels.

Tous les circuits de distribution souffrent de la baisse de la part du bio dans le panier des ménages, à l’exception de celui de la vente directe.

Premier circuit de distribution du bio avec plus de la moitié des ventes en valeur, les grandes surfaces alimentaires s’adaptent à ce nouveau contexte en réduisant le nombre de références proposées en rayon et en axant leur offre sur les produits premiers prix et les marques distributeurs.

Ce sont les distributeurs spécialisés qui enregistrent le plus fort recul de leur vente.

Exemple

  • disparition de l’enseigne "Les Nouveaux Robinsons" en 2022 ;

  • placement en procédure de sauvegarde pour "L’Eau Vive" et "NaturéO" en 2023.

On observe également un repositionnement des concepts, à l’image de Naturalia qui a décidé en 2023 d’étendre son offre à des produits non bios, mettant l’accent sur la santé et non plus uniquement sur le bio.

Au-delà des arbitrages budgétaires défavorables au secteur, le bio est confronté à un déficit d’image. La profusion des marques et labels alimentaires (production locale, rémunération plus juste des producteurs, respect du bien-être animal, score de qualité nutritionnelle, mentions "sans" comme "sans pesticides", "sans OGM", "sans nitrite", etc.) tend à rendre illisible le paysage des labels bio et à les dévaloriser aux yeux des consommateurs.

Évolution du nombre d’entreprises dans le secteur bio

Le nombre d'entreprises certifiées bio dans le secteur de la transformation et de la distribution a récemment enregistré une légère baisse. En 2022, ces entreprises sont passées de 29 184 à 28 547, soit une diminution de 2 %.

Cette baisse s'explique principalement par la diminution de la consommation de produits bio. De nombreuses boulangeries, boucheries et magasins généralistes ont cessé leurs activités certifiées bio, ne proposant plus de produits nécessitant cette certification. Les tendances du marché et les ajustements économiques ont un impact direct sur le nombre d'entreprises dans ce secteur.

2015

2019

2020

2021

2022

Évolution 2022/2021

Nombre d’entreprises de l’aval(1) certifiées pour une activité bio

13 053

22 856

25 821

29 184

28 547

-2,2 %

Nombres de fermes et entreprise certifiés pour une activité bio

42 317

69 859

79 029

87 622

89 030

1,6 % 

Évolution du nombre de créations et de fermetures de magasins bio 

L'année 2023 a été particulièrement difficile pour les magasins bio en France, marquant le niveau le plus bas d'ouvertures depuis plusieurs années. Seulement 32 nouveaux magasins ont ouvert, comparé à 111 en 2022 et 216 en 2021. Les réseaux sous franchise, comme Naturalia et Biocoop, représentent la majorité de ces nouvelles ouvertures.

En revanche, les fermetures ont aussi été significatives, avec 54 % des fermetures touchant ces mêmes réseaux, soit 10 points de plus qu'en 2022. Cette tendance reflète les défis actuels du marché bio face à une consommation en baisse et une augmentation des prix.

Évolution du chiffre d’affaires du bio 

2 millions d’€

c'est le chiffre d'affaires moyen d'un magasin bio franchisé.

En 2023, la vente directe de produits bio a connu une croissance notable. Les 26 800 fermes bio pratiquant la vente directe ont vu leur chiffre d'affaires augmenter de 8,7 %, soit 134 millions d'euros supplémentaires, grâce à une hausse des volumes vendus. Les artisans commerçants ont également renoué avec la croissance, enregistrant 41 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire.

Malgré une réduction de 7 % du nombre de magasins, les magasins bio spécialisés ont vu leur chiffre d'affaires progresser de 70 millions d'euros, soit une augmentation de 2,2 %. En revanche, la grande distribution généraliste a subi un recul en valeur de 3,8 %, soit une perte de 240 millions d'euros, principalement due à une réduction des références bio proposées.

Bio à domicile (grande distribution, magasins bio spécialisés, vente directe, artisanat/commerçants)

Bio en restauration hors domicile : restauration collective

Bio en restauration hors domicile : restauration commerciale

Valeur HT

8 milliards d’euros

484 millions d’euros

302 millions d’euros

Évolution 2023 vs 2022

0 % 

+9 %

+12 % 

Évolution 2022 vs 2021

-4,6 %

+18 %

+16 %

L’environnement réglementaire 

Les réglementations du secteur bio assurent la qualité et la transparence des produits. Les produits labellisés AB (Agriculture Biologique) doivent respecter un cahier des charges strict : interdiction des OGM, utilisation limitée de produits phytosanitaires et engrais chimiques, traçabilité complète des ingrédients, etc. Ces mesures renforcent la confiance des consommateurs et encouragent les pratiques agricoles durables.

L’offre en bio

La grande distribution domine le marché de l’alimentaire bio. Elle accapare une grande partie des ventes grâce à une offre comprenant des gammes bio spécifiques, des marques de distributeurs bio et des rayons fruits et légumes. En 2016, selon le baromètre Agence Bio/CSA, 8 consommateurs sur 10 privilégient les supermarchés pour leurs achats bio.

Circuit de distribution

Répartition des ventes en %  

Grande distribution généraliste (hyper-marchés et super-marchés, magasins de proximité, e-commerce et drive, hard-discount)

50,6

Distribution spécialisée bio (en réseau et indépendante)

27,4

Vente directe (à la ferme, sur les marchés)

13,9

Artisans-Commerçants (boulangeries, cavistes, bouchers…) 

8,1

50 % : la grande distribution 

Avec près de 18 000 magasins, la grande distribution généraliste domine le marché du bio en monopolisant plus de la moitié des parts de marché. Des enseignes comme Carrefour, E.Leclerc, ou Auchan ont considérablement développé leurs rayons bio ces dernières années. Elles proposent des prix compétitifs, rendant le bio plus abordable pour un large public. Les consommateurs peuvent ainsi faire leurs achats bio en même temps que leurs courses habituelles.

Cependant, ces enseignes peinent parfois à véhiculer une image aussi authentique que les magasins bio. Leur gamme de produits bio est souvent moins étendue que celle des magasins spécialisés et peut limiter le choix des consommateurs les plus exigeants.

27 % : les magasins bio spécialisés 

Parmi les 3086 magasins, 44 % sont sous enseigne (Biocoop, La Vie Claire, Naturalia, Bio C’Bon, etc.) et 38 % sont indépendants. Leur force réside dans leur expertise et leur capacité à offrir des conseils personnalisés aux clients.

Toutefois, leur présence géographique est souvent limitée aux zones urbaines. Les prix sont également plus élevés que dans la grande distribution, ce qui peut être un frein pour certains consommateurs.

13 % : les fermes bio 

La vente directe, qui comprend les marchés, les AMAP (Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) et les ventes à la ferme, représente 13,9 % du marché. Ce canal de distribution permet aux consommateurs d'acheter directement auprès des producteurs et de profiter de produits locaux et de saison.

➡️ On compte 26 300 fermes bio qui vendent en direct.

8 % : les artisans et petits commerces 

Les 80 000 artisans-commerçants captent 8 % du marché du bio. Il s’agit des boulangeries, des cavistes, des boucheries ou des épiceries fines. Ils se démarquent par leur savoir-faire et la qualité artisanale de leurs produits.

Leur présence est principalement concentrée dans les zones urbaines et périurbaines, ce qui peut rendre l’accès plus difficile pour une partie de la population.

L’étude de la demande

Besoins et attentes des consommateurs 

Malgré une chute de la consommation de produits bio en 2023, l’alimentation biologique occupe une place importante dans l'alimentation des Français. La santé est la principale motivation d'achat, citée par 61 % des consommateurs, suivie de près par la préservation de l'environnement (48 %). Les aspects éthiques et sociaux, tels que la juste rémunération des producteurs et les bonnes conditions de travail, sont importants pour 38 % des acheteurs.

Ces attentes varient selon l'âge des clients, mais la satisfaction quant à la qualité et au choix des produits reste primordiale, surpassant même les considérations de prix.

Habitudes d’achat des consommateurs 

Les produits biologiques représentent 6,6 % des achats alimentaires des ménages en France. En 2022, on a observé une légère baisse d'attention portée aux logos en 2022. Par exemple, seulement 65 % des consommateurs se disent attentifs au logo AB lors de leurs achats, soit une diminution de 11 points par rapport à 2021, revenant au niveau d'attention observé en 2015.

Panier moyen 

42 €

c'est le panier moyen en magasin bio en 2021.

En 2020, les enseignes spécialisées bio ont vu une augmentation significative de leur panier moyen. 94 % d'entre elles signalent une hausse, principalement due aux confinements pendant la crise sanitaire. Cependant, cette tendance n'a pas perduré en 2021, où seulement 5 % des enseignes ont constaté une augmentation du panier moyen.

En 2021, la majorité des enseignes spécialisées bio ont fait état d'une baisse du panier moyen : 79 % ont signalé une diminution, tandis que 16 % ont rapporté un panier stable. Pour référence, en 2019, 50 % des enseignes avaient déjà noté une baisse du panier moyen.

La part des produits bio dans le panier global des consommateurs a également diminué, passant de 6,4 % en valeur en 2021 à 6 % en 2022.

L’analyse des canaux de distribution

La vente directe en magasin 

La vente directe en magasin constitue le principal canal de distribution pour les produits bio. En 2022, la grande distribution accaparait 53 % des parts de marché, offrant une large gamme de produits bio à des prix compétitifs.

Les magasins bio spécialisés, tels que Biocoop ou La Vie Claire, représentent 27 % du marché. Ils se distinguent par une offre de produits plus diversifiée et de meilleure qualité, avec un accent particulier sur le conseil et la fidélisation des clients. Les artisans et commerçants, comme les boulangers et cavistes, représentent 8 % des parts de marché. Ils attirent les consommateurs grâce à leur savoir-faire artisanal et à leur implantation locale.

La vente à la ferme et sur les marchés 

La vente à la ferme et sur les marchés représente 13 % des parts de marché en 2022. Ce canal de distribution renforce la confiance des consommateurs en mettant l’accent sur des produits locaux et de saison. Cependant, ce canal nécessite un investissement en temps important pour les producteurs, qui doivent diversifier leurs compétences pour inclure la vente directe.

La vente en ligne 

Les pure players comme Greenweez, La Fourche, Kazidomi et Aurore Market ont enregistré une croissance exceptionnelle en 2020 sous l’effet de la crise sanitaire. Ils gagnent du terrain et séduisent les consommateurs grâce à leurs abonnements avantageux. Toutefois, ils peinent encore à se faire une place significative sur le marché alimentaire bio.

De plus, 6 % des achats réalisés en grande surface bio sont effectués via l’e-commerce. Cette part est en progression de 2 points par rapport à 2019.

La restauration hors domicile 

La restauration hors domicile (commerciale et collective) connaît une croissance notable, même si elle ne représente que 8 % des ventes de bio en France. En 2022, le secteur comprend environ 170 000 restaurants et 80 000 cantines scolaires, administrations ou entreprises et a généré un chiffre d'affaires de 715 millions d'euros HT, une hausse de 17 %.

Les produits labellisés bio représentent 1 % des achats des restaurateurs privés et 7 % dans la restauration collective.

Ce canal a un potentiel de croissance important, notamment grâce au plan Ambition Bio du gouvernement qui veut augmenter à 20 % la part de produits bio dans la restauration collective publique.

Les tendances du secteur

Les grandes tendances 

Le marché bio continue de croître, mais les consommateurs expriment des réserves, notamment sur les prix. En effet, 44 % des clients des magasins bio se disent insatisfaits des prix pratiqués, non pas parce qu'ils les trouvent trop élevés, mais parce qu'ils regrettent de ne pas pouvoir effectuer toutes leurs courses dans des magasins bio.

Les consommateurs recherchent de plus en plus des options abordables pour intégrer le bio dans leur quotidien.

Parmi les tendances actuelles, on observe un plus grand intérêt pour la vente directe et les circuits courts. De plus, les magasins bio se diversifient en proposant un large choix de produits en vrac pour réduire les emballages et attirer une clientèle adepte du zéro déchet.

Les perspectives du secteur 

Les tensions inflationnistes sur les produits alimentaires (effet combiné de la hausse des cours des matières premières agricoles et de la flambée des prix de l'énergie) continueront de plomber la consommation de produits bio en volume. Confrontés à la baisse de leur pouvoir d’achat, les consommateurs privilégient les produits dits conventionnels ou locaux.

Alors que la crise de la filière bio rebat les cartes du marché, la distribution se consolidera autour des enseignes leaders.

Face à la concurrence de la grande distribution, les magasins bio disposent de plusieurs moyens pour se démarquer :

  • se positionner comme des spécialistes ;

  • élargir et rééquilibrer leurs gammes de prix, notamment par l’entrée de gamme ;

  • miser sur le conseil et la fidélisation des clients.

Conclusion  

Le marché du bio en France, malgré une croissance impressionnante au cours des dernières années, traverse une période en dents de scie. En 2022, le secteur comptait 3 086 magasins bio spécialisés et réalisait un chiffre d'affaires de 12,076 milliards d'euros. Cependant, la poussée inflationniste a affecté le pouvoir d'achat des ménages, entraînant une baisse de la consommation de produits bio, perçus comme plus coûteux que le reste des produits conventionnels.

Les grandes surfaces alimentaires, représentant plus de la moitié des ventes, ont dû réduire le nombre de références bio proposées et se concentrer sur des produits à bas prix. Cette situation a particulièrement impacté les distributeurs spécialisés, avec des fermetures significatives (plus de 200 en 2022) et des repositionnements stratégiques.

Les consommateurs restent motivés par leur santé et la préservation de l'environnement, mais la complexité et la prolifération des labels bio créent une confusion et une perte de confiance. Face à ces enjeux, les magasins bio doivent diversifier leurs offres et mettre l’accent sur la qualité et la traçabilité des produits.

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